L’arc de triomphe de l’Etoile
Une nuit de décembre (de Martine Pouyau)
Marseillaise et Marianne
Murmurent en secret.
Elles livrent leurs âmes
Sous le regard discret
De la lune diaphane.
Elles parlent de la France
Exprimant ses souffrances,
Ses enfants séparés,
Peut-être à jamais.
Elles ont froid pour qui
N’a pas trouvé d’abri
Et qui meurt sans ami
Au plus noir de la nuit.
Elles regardent sceptiques
Le monde numérique,
L’avenir virtuel
Qui ignore le réel.
Elles voient l’ouvrier
Revenant du chantier,
Promptement licencié
Qui bientôt perdra pied.
Elles redoutent l’hiver
Pour nombre de doyens
Qui, faute de moyens,
Ne pourront se chauffer.
Elles pleurent en suivant
Le fils qu’on porte en terre,
De parents indigents
Au dur itinéraire.
Les puissants technocrates
Infligeant leurs diktats,
Les effraient, les offensent.
Elles sont sans défense.
Leurs valeurs bafouées,
Leur devise raillée,
C’est leur très cher pays
Qu’on salit, qu’on renie.
En cette sombre nuit,
D’où l’espoir est banni,
Marseillaise et Marianne
Ne prennent pas les armes.
Elles s’en vont veiller
La flamme qui vacille.
Elles réchauffent son cœur,
Elles refusent qu’elle meure.