le pic pétrole

Notre dépendance au pétrole

La dépendance de notre société au pétrole est grossièrement sous-évaluée. Un pétrole peu cher a entrainé des bouleversements énormes dans notre mode de vie ces trente derniéres années (nourriture, travail, mobilité, loisirs). Les trente prochaines seront source d’encore plus de changements a notre vie quotidienne.

40 % de notre nourriture est importée. Légumes, fruits et blé le sont a 85 %. Cette dependance sur des produits venus d’aussi loin n’est pas sans risque et a la merci de beaucoup d’aléas. Tout repose sur une chaine d’approvisionnement de plateformes logistiques régionales travaillant en flux tendu, avec peu de réserves et de lieux de stockage, par rentabilité financière. Une menace d’interruption de la chaine met tout de suite en péril l’approvisionnement alimentaire de la population, pouvant entrainer de graves pénuries, puis des troubles etc.

En 2000 durant la greve des routiers en Grande Bretagne, le patron de Sainsbury’s (l’equivalent du group Carrefour chez nous) a contacté dans l’urgence le premier ministre Tony Blair pour l’alerter que les reserves de nourriture de premiére necessité seraient epuisées en quelques jours.

Les supermarchés rationnerent pain, sucre et lait.

Aujourd’hui les réserves mondiales de matiéres alimentaires de première necessité sont au plus bas suite a plusieurs années de mauvaises récoltes et leur prix s’envole faisant l’objet d’une frénésie speculative par la communauté financiére. Cette année de nombreux pays exportateurs ont cessé de l’etre afin d’assurer leur propre souveraineté alimentaire ***.

Le pic pétrolier * c’est pour 2020 estime Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie **, les reserves mondiales ont passé un cap, le déclin de la production de pétrole est inéluctable.

En réponse à la double pression du pic pétrolier* et du changement climatique, quelques communes pionnières au Royaume Uni, en Irlande et ailleurs ont adopté une approche fédératrice et globale pour réduire leur bilan carbone et mieux se préparer aux bouleversements qui accompagneront le déclin de la production de pétrole dans les dix ans a venir.*

De la dépendance au pétrole à la résilience des communautés

Bristol (population 416 000 habitants) a été la première grande ville a financer une étude d’impact sur la vie locale ( transport, nourriture, santé, energie, economie, services publics etc) en cas de pic petrolier* et a en tirer des conclusions ( recherche d’autosuffisance alimentaire, relocalisation) pour preparer l’aprés-pétrole.

Bristol en Transition la première initiative d’échelle urbaine, met en réseau, inspire, forme, favorise et soutient les initiatives a l’echelle locale des quartiers et villages – Redland en Transition, Withywood en Transition, etc. – dans leurs propres Initiatives de Transition.

« Les villes en transition sont une manière concrète pour les individus d’agir sur le climat et le défi du pic du pétrole ». C’est ce qu’on appelle un « grassroots movement » mouvement d’autonomisation ** partant de la base, inversant la pyramide decisionnelle.

Pic pétrolier

Le pic pétrolier c’est en 2020, estimait Fatih Birol économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie dans son rapport annuel 2008

(Créée en 1974 suite au premier choc pétrolier, l’AIE est une organisation internationale destinée à faciliter la coordination des politiques énergétiques des pays membres. Elle s’est tout d’abord donné pour but d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques (pétrole principalement) afin de soutenir la croissance économique. )

Association pour l’étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel

*Pic pétrolier : le compte à rebours a commencé

L’empowerment, terme anglais traduit par autonomisation ou capacitation, comme son nom l’indique, est le processus d’acquisition d’un « pouvoir » (power), le pouvoir de travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de vie sociale en respectant les besoins et termes de la société. La personne autonome est une force pour la communauté.

*** Souveraineté alimentaire

La souveraineté alimentaire est un concept développé et présenté pour la première fois par Via Campesina lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 1996 [1]. Il a depuis été repris et précisé par les altermondialistes lors des différents Forums Sociaux Mondiaux.

La souveraineté alimentaire est présentée comme un droit international qui laisse la possibilité aux pays ou aux groupes de pays de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations sans qu’elles puissent avoir un impact négatif sur les populations d’autres pays. La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC.

Complémentaire du concept de sécurité alimentaire qui concerne la quantité d’aliments disponibles, l’accès des populations à ceux-ci, l’utilisation biologique des aliments et la problématique de la prévention et gestion des crises, la souveraineté alimentaire accorde en plus une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments. Elle prône un accès plus équitable à la terre pour les paysans pauvres, au moyen si nécessaire d’une réforme agraire et de mécanismes de sécurisation des droits d’usage du foncier.

Au niveau local, la souveraineté alimentaire favorise le maintien d’une agriculture de proximité destinée en priorité à alimenter les marchés régionaux et nationaux. Les cultures vivrières et l’agriculture familiale de petite échelle doivent être favorisées, du fait de leur plus grande efficacité économique, sociale et environnementale, comparée à l’agriculture industrielle et les plantations de grande échelle où travaillent de nombreux salariés. La place et le rôle des femmes sont privilégiés.

La souveraineté alimentaire privilégie des techniques agricoles qui favorisent l’autonomie des paysans. Elle est donc favorable à l’agriculture biologique et à l’agriculture paysanne. Elle refuse l’utilisation des plantes transgéniques en agriculture.

La crise de notre système capitaliste, le pic de pétrole qui nous pend au nez, le manque de contacts sociaux, … autant de malaises qui minent notre société actuelle.

Nous le sentons tous plus ou moins confusément : le monde doit changer. Avec un réchauffement climatique dont l’accélération surprend les scientifiques, nous savons que nous n’avons plus d’autre choix que de diminuer nos émissions de CO2 de 80 % d’ici 2050. Difficile d’imaginer la mutation technologique et les transformations que cela représente, mais ce sera certainement considérable. D’autant que si l’Agence Internationale de l’Energie ne se trompe pas (le dernier rapport annuel annonce le déclin de la production pétrolière pour 2010-2012), il est difficile d’admettre que les choses puissent aller autrement. Ce n’est pas d’ici 2050 que ces bouleversements vont se produire, mais d’ici 2020. Car si l’énergie devient très chère et même insuffisante, un futur de haute technologie où notre vie sera peu différente de maintenant devient hautement improbable. À côté de la technologie, des changements de mode de vie seront inévitables. C’est donc bien une transition qui commence, vers un monde moins émetteur de CO2 et consommant moins d’énergie. Il est difficile de se représenter à quoi ressemblera notre vie à l’issue de cette mutation, mais on peut déjà entrevoir une chose : les déplacements seront devenus si chers que non seulement les voyages lointains seront un luxe, mais on ne pourra plus s’offrir de pommes du Chili, ni même de jouets chinois. L’économie se relocalisera, nous dépendrons plus de nos ressources et de notre production alimentaire locales, les échanges seront plus locaux. Des industries qui avaient disparues, délocalisées, renaîtront.

Mais comment se prépare-t-on à une telle transition profonde et rapide ? Comment en amortir les conséquences économiques et sociales et tirer au mieux parti des nouvelles opportunités ? Que signifie une vie plus locale ? Qu’est-ce que cela signifie pour notre production alimentaire, dépendante d’engrais chimiques qui sont des sous-produits pétroliers et seront devenus hors de prix et moins disponibles ? Qu’est-ce que cela signifie pour nos métiers, nos emplois, notre vie sociale, pour l’avenir de nos enfants et des jeunes adultes ?

Au Royaume-Uni, des groupes de citoyens et des municipalités ont déjà commencé à préparer leur transition. Leur expérience a donné naissance au concept de transition, qui repose sur deux piliers : réduction des émissions de CO2 et des consommations d’énergie et relocalisation progressive des activités, par la création de circuits commerciaux à courte distance et de monnaies locales, complémentaires de la monnaie nationale et destinées à favoriser les échanges et les emplois locaux. Mais la démarche vise en premier lieu à créer des ponts entre les citoyens, les élus, les entreprises, les associations, les agriculteurs pour imaginer ensemble les solutions dont chaque région a besoin suivant son contexte et ses aspirations. Il s’agit d’apprendre ensemble à préparer le monde de demain plutôt que de subir les bouleversements à venir.

Il n’existe pas de réponse toute faite c’est à nous de la trouver tous ensemble. C’est pourquoi nous invitons les citoyens, élus, agriculteurs, entreprises et associations à préparer dès aujourd’hui la transition qui nous attend, que nous le voulions ou non.

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